De renommée internationale, cet artiste peint des fresques de plusieurs milliers de mètres carrés directement sur l’herbe, dans des champs ou sur des pans de montagne avec une peinture biodégradable. Attaché aux questions philosophiques, sociétales et plus précisément à la place de l’homme dans la société et dans la nature, son œuvre s’inscrit dans une logique humaniste et écologique.

Invité par Decazeville Communauté pour ouvrir la troisième session du festival de street art , Saype, le jeune artiste spécialiste des fresques monumentales et éphémères, a trouvé un terrain d’expression artistique à la dimension de son talent.

Avant de poursuivre son tour du monde, le trentenaire originaire de Belfort, qui vit et travaille en Suisse, a réalisé, du mercredi 9 au samedi 12 octobre une gigantesque fresque, à base de peinture biodégradable de sa fabrication, sur l’un des versants du lac de la Découverte dans le cadre du coup d’envoi de la troisième session du festival de Street Art.

Ça promettait d’être grandiose et ça l’est !  Tout simplement géant !

 

La dimension de l’oeuvre 

La portion de virage relevé sur laquelle est fixé le sujet principal est estimée à plus de 5 000 m² et le petit garçon mesure 80 m de long par 50 m de haut. Avec l’ensemble des dessins à la craie sur les pentes de la Découverte, Saype aura couvert près de 3 hectares (30 000 m²), soit une de ses plus grandes fresques au monde

Un bambin est allongé en train de dessiner… Ou quand l’ancien site minier change de mine, grâce au brio d’un artiste véritablement grandeur nature.

 

Pourquoi en sujet principal ce petit garçon et le lien avec le décor autour ?

Saype travaille très souvent autour de la thématique de la jeunesse et du passage de témoin des anciens au plus petit. La réflexion de ses oeuvres tourne très souvent autour de la question du futur et de l’avenir, notamment l’avenir (et l’état) de la planète que nous allons laisser à nos enfants et petits-enfants.
Ici, à Decazeville, ce très jeune enfant (tétine en bouche), qui crayonne son monde imaginaire sur ce site chargé d’histoire, symbolise le renouveau et le fait que la Découverte peut encore avoir une histoire et un avenir et accueillir jeunes et moins jeunes pour des activités plus respectueuses d’un environnement dont la qualité (paysagère et naturelle) a été restaurée…

La peinture et technique utilisée par Saype pour la création de son oeuvre

Il ne s’agit pas de peintures mais de pigments naturels délayés dans de l’eau (environ 1 000 litres) et mélangés à une « glue naturelle » constituée de caséine (protéine du lait) qui permet de fixer l’oeuvre au sol et de la rendre étanche et imperméable à la rosée et à l’eau de pluie.
Ces pigments naturels sont constitués de charbon (pour le noir) et cela prend tout son sens ici et de blanc de meudon (craie) qui sont utilisés alternativement purs ou mélangés pour obtenir 6 à 8 nuances différentes de gris, ce qui permet de gérer les dégradés… Tout cela est projeté avec un pistolet à peinture sous pression (200 bars) équipé d’un tuyau de 60 m pour pouvoir balayer large.
Il commence par quadriller le site (carreaux de 4m x 4m), la photo de son modèle et de certains détails (les mains par exemple) grossis plusieurs fois mais sur des A4 plastifiés uniquement… Ensuite il trace au charbon noir les contours de son oeuvre. A partir de cette esquisse commence le remplissage du sujet, du gris le plus clair au gris anthracite le plus foncé, puis il termine par des détails en blanc pour accentuer le contraste de l’oeuvre… Tout ce travail, ainsi que la préparation des produits et des mélanges se fait à trois, avec l’aide de Simon et Lionel, qui l’assistent en permanence…

Saype by J-Jacques Feral

La durée de l’oeuvre dans le temps

Cela dépend bien sûr de l’état du terrain, de la végétation et des conditions climatiques ainsi que de la fréquentation du site. La plus grande fragilité de la fresque est surtout liée au frottement.
Ensuite l’oeuvre est bien plus durable à plat, sur un gazon anglais, dans un stade, qu’au flanc d’une montagne. Enfin, tout dépend du temps de repousse de la végétation, qui a été entretenue et coupée par les agents de la Communauté, ce qui va bien sûr estomper l’oeuvre et conditionner sa disparition…
En moyenne, cela peut aller de 15 jours à plusieurs mois.
Reportage de France 3
Merci à Jean-Jacques Feral, Patrick Devernois, Vins Film’Maker et Sébastien Murat pour leurs photos.
 

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